Oui, écrire un livre, même de non-fiction, relève de l’art… mais « art » à la base, ça veut dire « technique » (merci les cours de latin 😉). Cela signifie que vous ne pouvez pas simplement espérer vous fier aux aléas de l’inspiration parce que les seuls aléas qui viendront à coup sûr sont ceux de la vie et vous devrez y faire face, tel un fier marin devant les vagues scélérates de la houleuse mer du Nord.
Pour garder le cap, il vous faut donc un plan.
Rassurez-vous, je ne suis moi-même pas adepte des plannings rigoristes. D’ailleurs, mon seul plan quand j’écris pour mes clients se résume à : recueillir la matière, terminer le premier jet, réécrire et corriger… Mais c’est parce que j’écris et lis des livres par palettes depuis ma jeunesse. Je connais, j’ai l’habitude et pour employer un terme un peu ésotérique, je vibre avec les énergies du livre.
Ce qui n’est peut-être pas votre cas (et croyez bien que je serais incapable de faire ce dans quoi vous excellez sans un plan bien établi).
Alors, qu’est-ce que je pourrais vous conseiller de pas trop rigoureux pour éviter à votre livre-navire de sombrer dans la pile des projets abandonnés ?
1. Définissez l’identité de votre livre
Avant de vous lancer tête baissée dans la rédaction d’une seule ligne, prenez un petit temps pour savoir quel genre de livre vous souhaitez écrire et pourquoi.
Je suppose, si vous êtes entrepreneur et que vous songez à proposer au monde votre vision du monde ciselée en des chapitres mémorables, que ce n’est pas forcément pour l’amour pur de l’écriture.
Il y a sans doute un objectif que vous souhaitez atteindre. Plus de notoriété ? Une source de revenus complémentaires (directe ou indirecte…le livre est surtout intéressant pour les retombées indirectes. Sauf si vous avez craqué le code des Best-Sellers) ?
La forme de votre livre dépendra grandement de ce que vous souhaitez accomplir, que ce soit au niveau du genre utilisé ou du ton employé.
2. Définissez qui sera votre lecteur
Vos lecteurs, ce sont vos futurs clients. Ce sont eux qui achèteront votre livre et vous devez comprendre ce qui est le plus adapté à leur situation.
Si vous souhaitez écrire pour des débutants, vous ne pourrez pas employer trop de mots techniques — ou il faudra les vulgariser. L’accent sera mis sur l’aspect pédagogique et inspirant.
En revanche, si vous écrivez sur des techniques avancées, il faudra que votre livre soit en mesure d’affirmer votre autorité dans le domaine et que l’information transmise soit poussée. Tout cela ne demande pas les mêmes techniques d’écriture.
Mon petit hack pour savoir ce que les lecteurs souhaitent est d’espionner les avis qu’ils laissent sur des livres qui ressemblent à ceux que j’écris 😉C’est souvent passionnant, je vous promets que je peux y passer des soirées entières !
3. Planifiez votre temps d’écriture
J’écris tous les jours (ou presque) parce que c’est mon métier, ma passion, ma vie. Mais le penchant qui me dévore n’est peut-être pas le vôtre et vous ne vous êtes sans doute pas non plus voué à une vie d’ermite. Vous allez donc devoir vous dégager du temps d’écriture.
Je vous recommande des cessions de 1 h minimum… 1 h 30, ce serait mieux. Vous n’êtes pas obligé de vous y tenir tous les jours, mais au moins la majorité des jours de la semaine. Oui, écrire un livre demande un certain investissement 😉
Pour ce qui est du délai du projet, je vous recommande de ne pas dépasser 1 an. Planifier votre livre sur 12 mois est à la fois réaliste (vous n’avez sans doute pas que ça à faire) et motivant (au-delà, vous risquez de vous décourager parce que ça traîne).
Une petite précision, avant de passer au point suivant : jouer les performers pour terminer votre livre en 1 mois est un non-sens. Oui, il existe des génies qui en sont capables, mais de mon expérience, un livre a besoin de maturité, de réflexion et de moments de pause pour offrir la quintessence de son identité. Forcer le processus donne rarement de grands livres (d’ailleurs, vous n’êtes pas obligé de chercher à écrire un grand livre, c’est OK).
P.S. Pour ma part, je refuse les missions de moins de 7 mois parce que je ne suis pas là pour concurrencer Chat GPT, je veux écrire de grands livres qui rendront le nom de mes clients immortel.
4. Posez les grands jalons de votre livre
Vous avez un planning sous les yeux ? Bien. Vous allez le diviser en grandes étapes :
- La réflexion et la planification : 1 mois maximum. Il faut que vous soyez confronté assez vite à la réalité de l’écriture et de votre livre.
- La rédaction du premier jet : entre 4 et 5 mois. Dans cette étape, j’inclus aussi les recherches. Il faudra allonger le temps si vous souhaitez écrire sur un sujet qui demande des recherches approfondies ou des recueils de témoignages.
- Les réécritures et les pauses : entre 3 et 4 mois. Les pauses jouent un rôle crucial dans le processus parce que c’est le moment où votre livre se construit.
- Les corrections : 2 mois, c’est bien. Vous pouvez déléguer cette partie. Dans ce cas, prenez en compte les délais de votre correcteur. Pour éviter toute mauvaise surprise, renseignez-vous en amont.
Il est beau votre planning ? OK. Dites-vous maintenant que rien ne se passera comme prévu ! C’est la dimension artistique qui s’invite.
5. Commencez à organiser le contenu de votre livre
C’est le moment de vous poser et de réfléchir un peu. Quels sont les points que vous souhaitez aborder dans votre livre ? Quelle information doit venir en premier pour que le tout soit facilement compréhensible ? Quelle est celle qui lui fait logiquement suite ?
Si deux informations sont sur le même plan, ce sera à vous de trouver l’enchaînement le plus pédagogique pour le lecteur. Cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas faire de points sur un prérequis au milieu de votre dernier chapitre. Simplement, ce point non abordé ne doit pas gêner la compréhension du reste.
Cette première structure doit être souple parce qu’elle changera en fonction de ce que vous indiquera le livre (oui, c’est bizarre, mais de mon expérience, les livres ont déjà une idée de ce qu’ils doivent être).
Ne soyez pas accro à ce premier plan. Il ne doit que dessiner des mouvements.
6. Les recherches aussi se préparent
Même si vous connaissez votre sujet sur le bout des doigts, vous allez peut-être devoir effectuer quelques recherches. Elles ne sont pas nécessairement approfondies et dépendront de vos besoins. Dans ce cas, il est bon d’établir rapidement les ressources qui vous seront nécessaires : livres, témoignages, recherches d’archives, études de cas personnelles, etc. Cette liste risque de s’allonger en cours de projet parce que d’autres idées vous viendront. Prenez toutefois garde à ne pas vous éparpiller et revenez toujours à l’identité de votre livre.
Je ne vous recommande pas non plus d’effectuer les recherches en un bloc avant l’écriture (sauf si votre livre part d’une étude que vous comptez mener) parce que cela vous éloigne du contact direct avec votre livre et pour bien écrire, il sera votre meilleur allié.
La planification de l’écriture d’un livre n’est pas seulement une étape préliminaire ; elle évoluera en même temps que votre livre, demandera des ajustements et des adaptations. Pour cela, elle doit rester souple.
👻✒️ C’était Marine, la Dame Pâle qui écrit votre livre.
P.S. Si vous envisagez d’écrire un livre, à votre avis, qu’est-ce qui viendra perturber votre organisation ?