Hier, je me suis endormie à 4 h du matin, j’ai pleuré, j’ai voulu tout abandonner et j’ai fini devant Black Swan.

Pourquoi ?

Rembobinons.

Plus tôt dans la semaine, je me suis lancée dans les vidéos. Flippant ! Fun ! Flippant !

L’idée me trottait dans la tête depuis un certain moment et, à mon habitude, je repoussais le moment de m’y mettre : je n’avais pas de décor, pas de matériel, il fallait que je scripte, que je trouve un concept, que je perde 5 kilos, que ceci, que cela…

Lors d’une masterclass, j’en ai parlé et la coach m’a aussitôt lancé le défi de m’y mettre. Whaou !!! Plus le choix ? Mon honneur en jeu ? J’étais obligé d’y aller.

J’ai donc sorti mon vieux téléphone (celui qui a la meilleure caméra) et je me suis lancée en roue libre sur un cours de littérature.

Flippant !

Fun !

Dans l’énergie de cette action, je n’ai pas réfléchi. Je savais que ce serait moche (je n’étais même pas maquillée et j’avais des cernes de 10 kilomètres sous les yeux), que je parlerais mal (2 ans que je me suis retirée de « la vie publique » 😂) et que rien n’irait. C’était O.K. Mon but n’était pas de concurrencer les super youtubeurs, mon but était d’honorer le contrat : faire une vidéo. Et j’ai plutôt aimé l’expérience.

Je me lance sur une deuxième le lendemain, je commence les « RIIIIILS », on me donne des conseils pour m’améliorer : cool ! Le flippant disparaît au profit du fun.

Et puis, les vieux travers reprennent le dessus : mais l’esthétique n’est pas ouf, t’as l’air d’une amatrice (spoiler alert : je le suis… pour le moment), tes vidéos sont soporifiques, ça ne va pas, ci est pourri.

Grosse claque, première insomnie : O.K. demain pas de vidéo, j’améliore pour en proposer une meilleure plus tard. Je me trouve l’excuse parfaite, le temps du progrès.

Sauf que, ma grande, le progrès est dans la pratique et les retours. Pas dans la rumination.

Et c’est ce que j’ai fait. J’ai ruminé hier, j’ai commencé à ruminer ce matin.

Et si je vous parle de tout ça aujourd’hui, c’est parce que si vous vous êtes lancé dans votre premier livre (fiction ou non-fiction, pour le coup c’est pareil), vous risquez de tomber dans le même travers. À vouloir tout peaufiner et parfaire dans votre coin, vous risquez surtout de ne rien faire et d’abandonner.

Lorsque vous écrivez pour la première fois, il est normal de ne pas obtenir un beau texte tout de suite. Cet état un peu moche du livre est d’ailleurs une étape de la création romanesque : le premier jet.

Le premier jet est une sorte d’ébauche de ce que sera votre livre : il y a des fautes, des incohérences, des tentatives ratées, des fausses pistes… c’est normal. C’est nécessaire.

Alors, n’attendez pas que votre paragraphe précédent soit meilleur pour continuer, n’attendez pas que votre connaissance du sujet soit parfaite, n’attendez pas l’inspiration divine : votre job est juste d’aligner les mots les uns après les autres. Le reste, vous aurez tout le temps.

Allez, au taf les enfants !

👻✒️ C’était Marine, la Dame Pâle qui écrit votre livre… et fait des vidéos moches 😉