Déprimer avec son livre n’est pas un mécanisme anormal, surtout si, à la base, vous n’êtes pas un écrivain mais un entrepreneur. Les conditions de mises en œuvre du projet facilitent cet état de blues.

Activité solitaire, propice à l’introspection et souvent frustrante, l’écriture vous met face à vous-même, votre histoire, votre domaine de compétences, vos limites et vos contraintes.

Heureusement, ces moments de baisse de morale peuvent tout à fait être gérés correctement dès lors que vous en identifiez les causes et que vous appliquez certains conseils salutaires. Pour vous aider à retrouver le goût de l’écriture et à chasser cette déprime causée par votre livre, voici quelques solutions enseignées par mon expérience.

Bien entendu, si votre état est lié à une dépression, ces conseils ne suffiront pas et je vous encourage à consulter un professionnel de santé.

 

Vous déprimez parce qu’en vrai vous n’aimez pas écrire

Demandez-moi de rédiger des publications tous les jours sur LinkedIn : la première semaine, je ferai la bonne élève, la deuxième, je commencerai à fatiguer, la troisième, je me sentirai franchement déprimée. Si je poursuis, je développerai de l’anxiété.

Je l’ai fait et j’ai traversé toutes ces émotions.

Ce que je dis pour LinkedIn est valable pour toute autre activité que vous n’aimez pas et l’écriture en fait peut-être partie (il n’y a pas de honte à cela).

Le mécanisme qui mène à ce genre de baisse de moral est assez simple. Comme vous n’appréciez pas ce que vous êtes en train de faire, l’activité vous procure un sentiment de perte de sens. Désaligné avec vos valeurs, vous ressentez de la frustration, surtout qu’il vous serait possible d’employer autrement ce temps si précieux. Votre cerveau lutte et c’est la surcharge mentale.

Vous vous épuisez émotionnellement, ce qui vous rend plus vulnérable aux idées négatives. Notez en plus que l’écriture d’un livre ne rime pas avec gratification immédiate.

Si écrire votre livre vous plombe et que vous vous rendez compte que vous n’aimez pas écrire, il est temps de réfléchir au projet. Si vous voulez un livre à tout prix ou que vous vous êtes engagé à le livrer, déléguez.

Si rien ne vous retient, pensez à un autre format pour transmettre votre connaissance : un documentaire, une bande dessinée, etc. Tout est possible en matière de création.

Vous pouvez encore imaginer une manière d’écrire plus satisfaisante pour vous : gamification, système de récompenses, routines. Identifiez ce qui vous pose précisément problème et trouvez des solutions.

Vous vous doutez bien qu’il y a tant de cas différents que je ne peux pas vous apporter de réponses sans connaître votre situation personnelle.

 

L’écriture de votre livre vous déprime parce que le gap est trop grand

Vous aimez bien écrire. L’activité vous plait, mais quoi que vous écriviez, vous trouvez le résultat nul. Vous voilà confronté à votre zone d’incompétence (provisoire) et ça vous fait un sacré coup au moral. C’est normal, pour la petite baisse d’humeur, comme votre sentiment d’incompétence.

Je vais même vous révéler un secret : malgré mon amour pour l’écriture et mon expérience, je ressens ce doute très souvent. Ce que vous écrivez est sans doute moins nul que ce que vous pensez.

Cependant, peut-être qu’objectivement, oui, ce n’est pas fou. Là encore c’est normal : vous commencez seulement à écrire !

Ça a un côté forcément déprimant puisque votre prise de conscience sur votre incompétence impacte votre estime personnelle et renforce les croyances négatives de l’enfance.

Si vous déprimez à cause de cette raison, vous pouvez encore une fois déléguer, mais je ne pense pas que ce soit la meilleure solution. Vous aimez écrire, ne vous privez pas de cette activité.

Le premier conseil que je pourrais vous donner est d’ajuster les délais. Ne vous rajoutez pas ce stress-là, voyez avec votre éditeur ou prévoyez en amont. Par exemple, entre 9 et 12 mois me semble plus raisonnable, surtout si vous avez des obligations entrepreneuriales.

Ensuite, ne vous focalisez pas tout de suite sur la qualité du texte. Écrire un livre c’est beaucoup de brouillons avant un résultat satisfaisant. Vous aurez tout le temps d’améliorer, alors commencez par finir un premier jet très imparfait.

Parallèlement, lisez des ouvrages de non-fiction (pas forcément sur votre thématique). Un chapitre par jour est un minimum. Rien qu’avec cette routine alliant écriture et lecture, vous commencerez à vous améliorer avant la fin du premier jet.

Vous devriez alors retrouver le moral et écrire plus sereinement votre livre.

Vous écrivez une autobiographie ?

Cette vidéo vous donnera quelques connaissances sur le genre pour vous inspirer. 

Le coup de blues de la stagnation dans l’écriture de votre livre

OK, vous aimez écrire, vous vous sentez à l’aise dans votre plume, mais ça n’avance pas et c’est tellement frustrant que vous commencez à déprimer.

Est-ce que vous allez y arriver ? Comment annoncer à votre éditeur que vous allez avoir du retard dans la livraison ? Devriez-vous abandonner ? Oui, mais quel sentiment d’échec… Bon. Il n’y a pas trente-six mille problèmes :

  • Vous n’avez effectivement pas le temps et vous allez devoir déléguer des choses dans votre boîte ou dans l’écriture de votre livre.
  • Vous êtes bloqué.

Dans ce dernier cas, je vais vous faire gagner du temps : revoyez l’identité et la structure de votre livre. 90 % des blocages d’écriture viennent de là, d’après mon expérience.

La page blanche n’existe pas, la muse ne vous boude pas, c’est simplement que vous ne savez pas où vous allez ni comment y aller.

Reprenez votre projet et interrogez-vous sur votre but avec ce livre, votre objectif pour vos lecteurs, ce que vous tentez d’accomplir. Cela devrait raviver la flamme.

Si vous êtes encore bloqué, revoyez la structure.

Je suis sérieuse, lorsque je bloque plus d’une journée sur un livre et que je reprends ces fondamentaux, tout se débloque très vite.

 

Vous comparez votre livre à celui de votre concurrent et c’est le drame !

Qui a-t-il de plus déprimant que d’entendre un concurrent parler de son livre, de le lire et de le trouver génial ? Alors que le vôtre, bah… les titres ne sont pas ouf, vous omettez un point qu’il développe, c’est mieux écrit, etc.

Si ça vous arrive, au lieu de déprimer, rappelez-vous que le livre de votre concurrent est fini !

Il a été réécrit plusieurs fois et a bénéficié d’un travail éditorial. Vous ne pouvez pas comparer avec votre premier jet, ni même avec votre manuscrit prêt à être envoyé chez l’éditeur.

Je me doute que, si vous êtes comme moi, vous dire de ne pas vous comparer ne suffira pas. OK, alors voici ce que vous pourriez faire pour éviter de déprimer inutilement. Tout dépendra du temps qu’il vous reste.

En début, voire milieu, de projet, listez ce que vous aimez chez votre concurrent et ce que vous n’aimez pas. Vous allez vous réapproprier ce que vous appréciez et améliorer ce que vous avez trouvé moins bien.

En fin de projet, ça va être plus compliqué. D’ailleurs, si vous voulez mon avis, ne lisez plus les livres de vos concurrents à deux mois du rendu à votre éditeur. Contentez-vous de regarder le sommaire, ça peut être utile, notamment si votre concurrent sort un livre très proche du vôtre. Par exemple, vous écrivez un guide pratique sur comment monter un business en comparant le domaine au jeu Mario et le livre de votre concurrent est « Soyez le Mario de votre business »… Bon… Là, il va falloir en discuter avec votre éditeur.

 

Écrire votre livre réactive vos traumatismes passés

Certains livres ont le pouvoir de réactiver des émotions anciennes, surtout les autobiographies. Elles vous obligent à vous poser avec vous-même et à examiner votre vie, à prendre conscience du chemin parcouru, parfois semé d’embûches.

Vous allez reconnecter avec ce rêve que vous n’avez pas réalisé, avec cette relation qui vous a fait souffrir, peut-être même avec des événements traumatiques. Des blessures anciennes vont se raviver et vous ne pourrez pas les fuir.

Au contraire, pour les écrire, il vous faudra vous replonger dans ces scènes, de vous attarder dessus, de ressentir toutes les énergies d’un moment que vous avez préféré oublier.

J’ai eu le cas avec une dame qui a vécu l’enfer dans sa jeunesse. Nous avons travaillé sur son récit de vie, elle me racontait, sans écrire, et assez rapidement elle m’a expliqué qu’elle se sentait un peu déprimée. Le premier conseil, dans ce cas, est de se faire accompagner par des proches ou un professionnel de santé pour les événements les plus tragiques.

Ensuite, la bonne nouvelle, c’est qu’en effectuant ce travail, vous allez vous libérer pas mal de choses. Écrire suppose, certes, de se replonger dans les énergies de l’événement traumatique, mais ce n’est que la première étape. Après, un autre processus s’enclenche, celui de la mise en distance. Vous ne percevrez plus votre passé du point de vue du sujet ou de la victime.

Vous deviendrez un observateur de la scène parce qu’une démarche intellectuelle se superposera : comment enchaîner les actions, quels mots choisir, comment expliquer tel point, etc.

Vous vous réappropriez le traumatisme. C’est périlleux, mais salutaire.

Donc, tant que vous avez veillé à vous mettre en sécurité (proches au courant, appui d’un professionnel de santé), votre seul job est d’accepter de traverser ce moment de déprime parce qu’il est le chemin de la libération émotionnelle par l’écriture.

 

Certains moments dans l’écriture de votre livre impliquent de la déprime

Ce lâcher-prise ne se fait pas uniquement lors de l’écriture autobiographique. Vous le retrouvez à certaines étapes de l’écriture.

La plupart du temps, dans l’écriture, je m’amuse et je kiffe. Toutefois, il y a des étapes que je vis plus mal, indépendamment de toute autre problématique : le milieu et la fin.

La déprime liée au milieu de projet s’explique par la redescente du plaisir que l’on éprouve face à la nouveauté.

Vous savez comment ça marche. Au début vous adorez ce que vous faites, c’est tout nouveau tout beau. Puis, avec les efforts à fournir, la routine qui s’installe, la disparition de la nouveauté, il devient de plus en plus pénible d’avancer sur son livre, surtout si vous rencontrez des problématiques évoquées plus haut. Cette baisse de motivation et le petit blues qui s’installe sont encore une fois normaux. Il faut les traverser. Peu de chances que vous y échappiez.

L’autre moment auquel vous ne couperez pas, et c’est là que la déprime est la plus grande, c’est la fin. Ça ressemble à une dépression post-partum, ça fait mal, on est fatigué, on déprime, plus rien n’a de sens. Pas ouf et pourtant, pas le choix de le traverser.

Personnellement, je vous conseille de ne pas vous jeter tout de suite à corps perdu dans un nouveau projet, il risque fort de subir le même sort que les relations sentimentales post-rupture. Vous savez de quoi je parle.

À la place, acceptez et prenez le temps de vous reposer, vous l’avez bien mérité, vous venez de terminer un livre !

 

Déprimer pendant l’écriture de votre livre arrivera souvent. Ce n’est pas le signe que vous devez laisser tomber ni que tout est perdu. La plupart du temps, les coups de blues sont liés aux raisons que j’ai évoquées et vous avez toutes les ressources pour mettre en place des solutions et terminer ce foutu bouquin 😉